Si le classement des vins fins de Bordeaux de 1855 fait la fierté de la France, il présente néanmoins quelques inconvénients. À savoir, ce qui était bon il y a plus de 150 ans ne l'est peut-être plus maintenant, et vice-versa. Château Les Grands Chênes fait partie de ces domaines qui bénéficieraient d'un éventuel reclassement. En termes simples, il produit un vin qui serait facilement un cinquième ou même un quatrième cru aujourd'hui.

Une grande partie du succès des Grands Chênes est due à son propriétaire, le fabuleux Bernard Magrez (il possède également, entre autres, le Château La Tour Carnet dans le Haut Médoc, le Château Fombrauge à St Emilion et le Clos Haut Peyraguey, un Grand Cru classé de 1855 à Sauternes) . Lors de l'achat du domaine en 1998, Magrez investit massivement afin de faire des Grands Chênes l'un des meilleurs crus Bourgeois de la région. Et il est bien parti pour réussir. Cela est dû en grande partie à sa vision et à son dynamisme, mais aussi à l'intégration de Michel Rolland, l'oenologue bordelais influent qui a sauvé (ou élevé) une grande partie des grands vins de Bordeaux.

Le vin est vinifié dans le style typiquement médocain, et sans surprise le vignoble est planté majoritairement en Merlot (70% Merlot, 29% Cabernet Sauvignon et 1% Cabernet Franc). Du fait de l'altitude élevée du terroir de l'extrême nord, les vignes bénéficient d'un petit micro climat, permettant des vendanges plus tardives. Magrez privilégie les méthodes durables dans tous ses vignobles et Les Grands Chênes ne fait pas exception. Les visiteurs doivent s'attendre à de l'herbe recouvrant chaque rangée, à un éclaircissage des feuilles en juillet et à une taille bordelaise (à la main) avant la récolte. La macération se fait en cuves inox thermorégulées avant d'être transférée en barriques pour un élevage de 16 mois.

Les Grands Chênes est l'un des vins les plus compétitifs de Magrez, se négociant à moins de 20 € en moyenne au troisième trimestre 2019. Le retour sur investissement des vins fins de Bordeaux, cependant, peut être erratique et Les Grands Chênes n'ont pas encore atteint le plateau sur le marché des investisseurs ; Le millésime stellaire de 2015 a gagné 30 % entre septembre 2017 et mai 2019, tandis que l'année suivante a perdu 2 € sur son prix de sortie au cours de la même période.