Impossible de parler de Pinot Noir ou du Domaine Emmanuel Rouget sans évoquer Henri Jayer. Car sans Jayer, il n'y aurait presque certainement pas de Roguet. Amené temporairement dans le vignoble de son oncle Jayer, l'ingénieur tracteur Emmanuel est tombé amoureux de la vinification et n'a jamais regardé en arrière. Le reste, comme on dit, appartient à l'histoire.

Mais revenons en 1976 lorsqu'un jeune Rouget commence à travailler aux côtés de son oncle dans les champs. Ensemble, ils ont progressivement augmenté les avoirs du terroir de Jayer, qui était principalement situé à Flagey-Echezeaux, ajoutant plus de parcelles de terre en Côte de Nuits, dont Savigny-les-Beaune et Nuit-St-Georges. En 1996, Jayer a pris sa retraite "officielle" ("officielle" entre guillemets car malgré la cession de ses terres à son neveu, Jayer a continué à produire du vin jusqu'à sa mort en 2006).

Les 1 064 dernières bouteilles restantes de Jayer (et Rouget) ont été vendues aux enchères en 2018, pour près de 30 millions d'euros. Pourtant, comparé au succès de son oncle, les vins produits sous l'étiquette éponyme Rouget sont toujours considérés comme "l'un des secrets les mieux gardés de la Bourgogne" (selon les critiques Martin et Galloni). Rouget produit aujourd'hui des vins qui se distinguent par leur richesse et leur intensité. Poussé par le respect du terroir et le perfectionnisme de son oncle, Rouget déclare : « Tout commence par la vigne. Le plus grand soin des plantes, beaucoup d'observation. Aucune concession, une rigueur absolue. Faites confiance au sol, faites confiance aux plantes, accompagnez-les jusqu'à la récolte. Il n'y a vraiment pas de secret ici : pour produire des vins de grande qualité, il faut des raisins parfaits ! ». Avis aux amateurs de Pinot Noir.

Sur les dix vins qu'Emmanuel Rouget produit en quantités infimes, ces mots sonnent particulièrement vrai quand on considère le Grand Cru Echezeaux. Prenons l'exemple de 2010 : avec un score global de 92, nous avons enregistré une croissance de plus de 60 % entre 2017 et 2019. Ses approvisionnements de Vosne-Romanée Les Beaux Monts se réduisent, les prix moyens ayant augmenté de plus de 25 % au cours des deux dernières années. Son Vosne-Romanée Cros Parantoux 2016 est devenu l'un des vins les plus recherchés et les plus chers au monde, se vendant à plus de 40 000 € la caisse.