Qui a dit que le monde du vin français n'était pas impitoyable ? Plus compétitive que la Formule 1, plus ancienne que les Pyramides, en matière d'affaires, il n'y a pas de pitié entre les vignobles. Fondé en 1808 par la famille Calvet, l'Hermitage M. Chapoutier est l'exemple parfait que loin d'être les personnages joviaux que les médias voudraient nous faire croire, les vignerons sont impitoyables.

La famille Chapoutier reprend les rênes de l'ex-Maison Calvet en 1855 afin de se concentrer sur son activité de négociant naissant à Bordeaux. Une longue série de générations dont les noms commencent tous par M (Marcus, Max, Michel, Marc) s'ensuit, Michel Chapoutier et son frère Marc prenant le contrôle du domaine familial Chapoutier à la toute fin des années 1980. Michel y est parvenu en chassant son père de l'entreprise familiale. Marc s'est ensuite mystérieusement évanoui, laissant Michel seul responsable du domaine. Sans surprise, ses actions n'ont pas attiré beaucoup de faveurs pour Michel Chapoutier dans le monde du vin français, ni même pour sa famille.

Depuis, la firme Chapoutier, qui était en grave péril, s'est transformée au point d'être méconnaissable. Adoptant une démarche d'agriculture biodynamique bien avant qu'elle ne soit à la mode, Chapoutier a immédiatement baissé les rendements. Sous sa direction, les vins Chapoutier sont passés d'une production annuelle de 550 000 bouteilles à 7 000 000, en achetant des parcelles dans d'autres régions viticoles françaises réputées, notamment Châteauneuf du Pape (le nom Chapoutier se retrouve sur des bouteilles d'Alsace, du Roussillon et d'Australie). Ses enfants sont sûrement en train d'être préparés pour rejoindre l'entreprise familiale - Maxime étudie l'œnologie à Melbourne tandis que Mathilde étudie le mandarin à Pékin (on soupçonne que les exportations asiatiques de Chapoutier se développeront très prochainement). Il possède également une entreprise d'importation de vin car il estime qu'il doit "lutter contre le chauvinisme du vin français".

Michel Chapoutier affirme qu'il a suggéré à Philippe Jaboulet au début des années 1990 (bien avant que la famille Frey ne reprenne Paul Jaboulet Aîné) d'échanger certaines des vignes de Jaboulet dans le très réputé vignoble de Méal contre certaines des vignes de Chapoutier à L'Ermite. "Philippe Jaboulet a refusé car il a dit que nos vignes d'Ermite étaient trop jeunes !" dit Chapoutier. Par dépit, Chapoutier crée alors le magnifique vignoble unique L'Ermite. Tout simplement un magnifique vin blanc de la Vallée du Rhône, le millésime 2017 est sorti en avril 2018 à 339 € la bouteille. En décembre 2018, ce prix était passé à plus de 400 €. Avis aux investisseurs : le millésime 2013, incroyablement parfait, a augmenté de plus de 100 % entre mai 2017 et mars 2019.